Add Me!Close Menu Navigation

Toutes les dernières actualités de la numismatique en direct de la toile

Add Me!Open Categories Menu

Quand le marquis d’Antibes battait fausses monnaies (1707-1710)…




Ce vendredi 13 novembre Arnaud Clairand et Marion Delcamp interviennent dans le cadre du colloque organisé par la SENA (Société d' Études Numismatiques et Archéologiques) à Monaco les 12 et 13 novembre.

Le sujet de leur intervention porte sur " L’affaire du château de Cagnes-sur-Mer : quand le marquis d’Antibes battait fausses monnaies (1707-1710) ".

Le contexte en Provence à la fin du règne de Louis XIV

" À la fin du règne de Louis XIV, la plupart des régions françaises frontalières furent le siège de nombreuses fabriques de faux-monnayeurs. En Provence, la proximité de l'Italie ainsi que la présence de la côte méditerranéenne, avec des frontières poreuses, fut particulièrement propice au développement du billonnage et du faux-monnayage.

De surcroît, les troupes françaises, occupées sur d'autres théâtres d'opération, y étaient peu présentes, si bien que les faux-monnayeurs purent y développer à loisir leur activité sous la protection d'une oligarchie provençale, qu'elle soit du Clergé ou de la Noblesse, parfois intéressée.

À ce titre, le 30 mars 1710, une lettre anonyme adressée au contrôleur général des Finances, Desmarest, lui indiquait au sujet des faux-monnayeurs de Provence « qu'une rame de grand papier ne pourroit contenir la moitié de leurs noms, ou de ce pays-cy, ou de Dauphiné, bas et haut Languedoc, à moins de faire un nouveau monde on n'en viendra jamais à bout ». C'est dans ce contexte très particulier que l'un des présidents de la Cour des monnaies de Lyon, Nicolas Foy de Saint-Maurice, obtint du roi de France, une commission afin de lutter contre le faux monnayage. L'un de ses plus hauts faits, fut l'arrestation, en février 1710, du marquis d'Antibes, en son château de Cagnes-sur-Mer.

 

Honoré III de Grimaldi

Le marquis d'Antibes, Honoré III de Grimaldi

Cette affaire est connue à partir d'un résumé laissé par Saint-Maurice et publié en 1835 par Jules-Antoine Taschereau. À la suite de Taschereau, plusieurs historiens ont exhumé cette affaire, sans y porter le regard critique nécessaire et très certainement par recherche de sensationnel. En effet le marquis d'Antibes, Honoré III de Grimaldi, était un cousin éloigné du prince de Monaco. Les documents relatifs à l'affaire du château de Cagnes-sur-Mer ne manquent pas. L'examen des archives du contrôle général des Finances – Archives nationales, sous-série G7 – nous permet de reconstituer très précisément le déroulé de cette affaire jusqu'à son aboutissement et ses conséquences pour la branche Grimaldi d'Antibes-Cagnes.

Le 3 décembre 1709, Saint-Maurice obtint du roi une commission afin de réprimer le faux-monnayage dans l'étendue « des provinces de Dauphiné, Provence, comté de Nice, et vallée de Barcelonnette » avec faculté de juger en dernier ressort avec d'autres personnes graduées. Le 24 décembre 1709, il partit de Lyon pour se rendre à Aix-en-Provence où le général provincial de la Monnaie d'Aix avait commencé plusieurs procédures contre des faux-monnayeurs.

Pezzetta d'Honoré III de Grimaldi

L'intervention du comte d'Artagnan

Il fut très rapidement contacté par Joseph de Montesquiou, plus connu sous le nom de comte d'Artagnan, récemment nommé commandant en Provence ; celui-ci avait en effet fait arrêté et emprisonné plusieurs faux-monnayeurs « aux ïles Sainte-Marguerite », au large de Cannes. Le comte d'Artagnan s'avéra être un allié puissant pour Saint-Maurice qui dira de lui « que lorsqu'il s'agit du service du roy, Monsieur le comte d'Artaignan n'hésite pas un seul moment et il n'y a pas de respect de l'humain chés luy ». Le 7 janvier 1710, depuis Grasse, d'Artagnan remercia le contrôleur général des finances pour lui avoir expédié un juge n'ayant aucune attache provençale en raison de « la quantité de gens de toute sorte qu'il y a d'intéresser dans ce mauvais commerce et dont j'oze vous asurer qu'il n'y auroit eut mille justice de faire sy vous ny aviez pas envoyé un étranger. Il me paroist que monsieur de Saint-Maurice commence déjà à connoistre les mœurs du pays ausquelles il ne peut guière se fier ».

Une affaire d' État

Lors d'une procédure engagée contre un vaste réseau de faux monnayeurs organisé par des provençaux, les frères Guises, il est apparu que le marquis d'Antibes aurait été impliqué en 1707 dans une fausse fabrique de pièces de 10 sols à l'effigie de Louis XIV. Saint-Maurice peinait à trouver des coupables et décida, en la personne du marquis d'Antibes, de faire un exemple. Il en informa le contrôleur général des Finances, « j'ay cru ne pouvoir pas faire autrement, ayant besoin d'un éclat violent pour en imposer au peuple et contenir la noblesse, trop accoutumée au mauvais commerce de la fausse fabrication. Tout le monde se tait, l'on gaigne et l'on prévient les tesmoins, chacun craint d'estre assassiné, ce qui fait que personne ne veut parler ».

Château de Cagnes sur Mer

Saint-Maurice s'aventura même à déclarer : « ma procédure est assés forte pour que le roy, pour un exemple authentique dans cette province, fasse enfermer ledit marquis pour le reste de ses jours par une lettre de cachet, si, par hazard les preuves ne deviennent pas assez fortes pour une condamnation rigoureuse ». Saint-Maurice était conscient d'être au cœur d'une affaire d'État qui lui échapperait et dont la décision finale reviendrait au roi de France. Afin de se protéger de la noblesse provençale, il rendit régulièrement compte de toutes ses actions au contrôleur général des Finances.

Le 1er février 1710, Jean Lenoble, lieutenant de la prévôté générale de la Cour des monnaies de Lyon, sur ordre du comte d'Artagnan, se rendit à Antibes pour constituer une compagnie de cinquante grenadiers suisses. Le lendemain, cette compagnie, se rendit au château de Cagnes-sur-Mer. "

(Extraits du texte de l'intervention de M. Arnaud Clairand et Mme Marion Delcamp le vendredi 13 novembre 2015).

Source: Quand le marquis d’Antibes battait fausses monnaies (1707-1710)…

Bienvenue sur la Veille Numismatique du site Piecedemonnaie.com où vous découvrirez en temps réel et 24h/24 les dernières actualités de la numismatique francophone.

Pour plus de précisions, les articles sont triés par catégorie (Général / Or et Argent / Détection / etc...).

Catégories

serial rss