Bullions, l’exception française
- 6 octobre, 2014 -
- Classé dans Général

La stratégie de développement de la Monnaie de Paris depuis l'arrivée de Christophe Beaux à la tête de l'Epic correspond à la transformation de l'Hôtel des Monnaies du quai Conti en un pôle multi-culturel de prestige mêlant restaurant avec chef triple étoilé, expositions pointues d'art contemporain et la monnaie perçue et conçue comme objet d'art.
D'où des choix de frappe de séries monétaires élitiste comme la série de monnaies commémoratives élaborée en partenariat avec la manufacture de cristal Baccarat, « Baccarat, l'excellence à la française » (voir article du blog cgb.fr).
Ce choix stratégique est bien loin de nombres d'autres instituts monétaires. En effet si le métal est le facteur commun de leurs réflexions, les options d'orientation et de développement choisis sont très différentes.
Et là encore une fois la France se démarque. De nouveau la fameuse exception française !
À contrario d'autres instituts monétaires ont accentué ces derniers mois leur production de bullions, pièces or et argent d'investissement.
La chute des cours de l'or en 2012-2013 (cliquez ici pour découvrir les cours de l'or depuis 1979) aidant et aiguisant les appétits des investisseurs, la production de bullions n'a jamais été plus forte.
Les ventes de l'U.S. Mint en septembre sont les plus élevées depuis janvier 2014 (voir l'article de CoinNews.net "U.S. Mint bullion coin sales leap in september").
La Monnaie Royale du Canada vient de mettre sur le marché une nouvelle pièce d'investissement : la "Maplegram25"
Il s'agit en fait d'un pack de 25 pièces d'or d'un gramme contenues dans un emballage spécifique. Cette petite monnaie or est plutôt destinée aux collectionneurs/investisseurs à petit budget. La production de ces très petites pièces d'or a sans doute pour but de concurrencer les mini lingots d'or actuellement en vente sur le marché. Ces nouvelles pièces d'or d'un gramme du Canada ont cours légal, avec une valeur faciale fixée à 50 cents.
À noter sur ces petites coupures, la prime est souvent plus importante. Ainsi le bénéfice est important pour la Monnaie mais moins pour l'acheteur…
De son côté, la Royal Mint a annoncé l'ouverture le 22 septembre de son nouveau site dédié exclusivement aux bullions: www.royalmintbullion.com
Souverains, Lunar et Brittania, les collectionneurs/investisseurs pourront désormais acquérir ces pièces d'investissement directement auprès de la Royal Mint.
Brittania ? Celle-ci a d'ailleurs été relookée, voyez-plutôt :
La Münze Österreich, qui elle, a une filiale directe pour ses pièces d'investissement depuis longtemps, vient de fêter en 2014 les 25 ans de sa pièce d'investissement phare, la Philharmonique.
Le succès de ces coupures d'une once or et argent ne se dément pas. En trois ans la Philharmonique de Vienne en argent a été écoulée à plus de 41 millions d'exemplaires.
On pourrait multiplier les exemples. Le fait majeur étant que tous ces acteurs de la planète numismatique ont choisi de miser sur l'or et l'argent.
Il faut dire que…l'or a chuté au plus bas ce mois-ci (l'once est à 950 euros/1188 dollars) depuis janvier, le cours de l'argent est à son plus bas niveau depuis quatre ans, le dollar monte, les taux d'intérêt américains aussi (la Fed a relevé le 17 septembre ses prévisions pour les taux d'intérêt). Sans parler des crises en Ukraine et au Moyen-Orient.
Le marché est par ailleurs toujours boosté par les demandes chinoise et indienne (la saison indienne des mariages arrive et la demande d'or connaît toujours à cette occasion une forte croissance).
Si ce sujet vous intéresse, cliquez sur le lien suivant qui vous re-dirigera vers un article (en anglais) de BloombergBusinessweek: "Gold holds near 9 months low on course for worst quarter in 2014"
Et en France ?
La question de la frappe de bullions est fréquemment posée à Christophe Beaux lors de conférences de presse. La réponse est toujours invariablement la même : pas d'équivalent de la Philharmonique ou Brittania à la Monnaie de Paris. C'est même semble-t-il devenu un sujet de plaisanterie en interne.
La Monnaie de Paris a choisi un mode de développement totalement différent depuis 2008 avec ses séries de pièces Euros or et argent à valeur faciale : Semeuse, Hercule, Coq, Euros des régions, Valeurs de la République.
Ces pièces contrairement aux bullions ne sont pas indexées sur le cours des métaux mais vendues à la valeur faciale.
On ne peut cependant nier le caractère investissement des pièces or de ces séries. En effet ces coupures en or 999/1000 à forte faciale ont cours. 100, 250, 500, 1000 ou 5000 Euros or pourront toujours faire l'objet d'un dépôt d'espèces auprès des établissements bancaires français.
Les pièces en argent du fait de leur faible teneur métal, 500 ou 333/1000, (sauf les années allant de 2008 à 2011) ne peuvent être considérés comme pièces d'investissement.
Dans tous les cas, ils sont de diamètre et de titre totalement différents des bullions et n'ont à l'international pas de cotes.
Deux visions différentes s'affrontent : l'or et l'argent comme objet d'art et or et argent comme investissement.
Source: Bullions, l’exception française